Alain

16 févr. 20223 Min

Stories & heros

Dans les années 30, The Lux Radio Theater from Hollywood présentait, de manière hebdomadaire, des adaptations radiophoniques des plus grands films d' Hollywood. Quand Claude Levi-Strauss écrivait que la production artistique a beaucoup plus d'intérêt que les écrits des historiens, il ne se trompait sûrement pas et voici un exemple qui lui donne raison : « Captain Blood ».


 

« Captain Blood » est un film hollywoodien sorti en 1935 et l'adaptation radiophonique à eu lieu en 1937. Dans les deux cas, Captain Blood était interprété par Errol Flynn. Le film et l'adaptation radiophonique ont repris l'oeuvre de l'auteur Rafael Sabatini : « Captain Blood ».


 

L'histoire se déroule à la fin du 17ème siècle et commence en Angleterre sous le règne de James the second. Pour être venu au secours d'un conspirationniste, le docteur Peter Blood est arrêté et condamné pour haute trahison. Au 17ème siècle en Angleterre, les condamnés pour trahison pouvaient être passibles de la pendaison mais juste à cette époque, les colonies anglaises, dans ce qu'ils appelaient « les Indes Occidentales » qu'on connaît aujourd'hui comme « les Antilles », avaient besoin d'esclaves pour faire prospérer les plantations de cannes à sucre.

Peter Blood est envoyé à la Barbade où il travaille comme esclave dans les champs de cannes à sucre, il réussit à s'évader avec d'autres esclaves, est capturé par des pirates pour devenir plus tard, un pirate lui-même : « Captain Blood ».


 

Cette histoire, basée sur des faits historiques amène une révélation étonnante : il y avait aussi des esclaves blancs dans les Antilles. Pourquoi on n'en parle pas plus ?


 

Dans son livre « To Hell or Barbados, the ethnic cleansing of Ireland, ( L'enfer ou la Barbade, un nettoyage ethnique de l' Irlande ), Sean O'Callaghan raconte l'histoire de 100,000 irlandais vendus comme esclaves aux « gentlemen » anglais des Antilles pour travailler dans les champs de cannes à sucre. Même s'il a été historiquement prouvé que les conditions pour ces esclaves irlandais étaient aussi durs et dramatiques que pour les esclaves africains, Sean O'Callaghan n'a jamais pu faire reconnaître le statut d'anciennes victimes de l'esclavage aux irlandais en Amérique sous prétexte que la reconnaissance de ce fait délégitimerait les demandes de réparation en tant que victimes des afro-américains. Comprendra qui veut.


 

Quand j'étais adolescent, je vivais au Québec, dans les quartiers populaires de Trois-Rivières. J'avais des amis haïtiens. Pour fuir la dictature, les haïtiens choisissaient le Québec pour une question de langue. Issu moi-même de milieu défavorisé, je me sentais dans la même situation que ces amis haïtiens, nous faisions les mêmes efforts pour survivre et avions les mêmes revendications. Les revendications de l'un n'annulaient pas la légitimité des revendications de l'autre.


 

Ce qui gène dans les faits historiques que nous amène Sean O'Callaghan, c'est qu'ils viennent infirmer la théorie raciale et raciste de l'esclavage pour en faire une affaire de discrimination de classes sociales. La thèse raciste arrange sûrement les puissants de ce monde puisqu'elle divise les peuples. La thèse de Sean O'Callaghan nuit à ces mêmes puissances puisqu'elle unit les peuples contre l'élite, ce n'est plus une lutte de races mais une lutte de classes.


 

Comme clin d'oeil à l'actualité, on peut constater que Justin Trudeau, le premier ministre du Canada qui était tant favorable au mouvement « Black Live Matter » insulte le « Convoi de la Liberté ». Le premier mouvement avait pour vocation de diviser les races, le deuxième a comme conséquence de rassembler le peuple. Et c'est un canadien noir qui déclarait même sur « youtube » : « Justin Trudeau, merci, avec ton autoritarisme, tu as rassemblé le peuple comme ça ne s'était jamais fait ». ( traduction de la vidéo en anglais ). Lui, il voulait parler, bien sûr, de l'union des anglophones et des francophones contre le pouvoir qui dérape.


 


 

Vous pouvez retrouver « The Lux Radio Theater » et « Captain Blood » dans l'émission « Pulp Radio » sur fm43.


 

Alain Ayme


 


 


 


 


 

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