Stories & heros
Mister Keen, tracer of lost persons, était déjà un vieil homme en 1937, à l'époque de son radio show, et c'est ainsi que des normes sociales se sont confrontées dans un riche questionnement dans une épisode qui s'appelait « The case of the missing witness » ( l'affaire du témoin manquant).
Mister Keen, qui était invité à assister à un défilé de mode d'une célèbre couturière, s'était rendu compte que cette femme qui nageait dans la réussite professionnelle semblait plus malheureuse qu'il ne l'est permis de l'être.
C'est la raison pour laquelle il s'était permis de dire à la jeune femme qui l'accompagnait une phrase qui pourrait faire sourire et même choquer aujourd'hui : « Dans un autre monde, dans un autre temps, la meilleure des carrières pour une femme était de rester à la maison ».
Pourquoi cette phrase peut aujourd'hui faire sourire ou même choquer ? Si on se réfère à l'étude des contes populaires et particulièrement aux contes facétieux, on comprend que ce qui fait rire peut aussi choquer et c'est ce qui sort de la norme sociale. La norme sociale est aujourd'hui de considérer qu'il est préférable pour une jeune femme de s'orienter vers une carrière professionnelle plus que de penser à se marier pour devenir femme au foyer. Si on a un discours qui sort de cette norme, on peut faire sourire ou même choquer.
Mais à l'époque où Mister Keen était dans la trentaine, c'est à dire au début du vingtième siècle, la norme sociale était, pour les femmes, de rester à la maison. De parler d'une femme qui irait travailler aurait sûrement fait rire ou même choqué.
Dans les années 30, les femmes commençaient à avoir des carrières professionnelles et c'était une extraordinaire période de bascule où un questionnement était encore vivant sur le sujet, à savoir : qu'est-ce qui est le mieux pour une femme, le calme du foyer ou la vie excitante d'une carrière ?
Pour continuer avec « l' affaire du témoin manquant », notre couturière n'était pas malheureuse par le choix de sa vie mais par le choix de son compagnon de vie. Comme la réussite professionnelle était sa priorité, elle avait aussi choisi son compagnon en fonction de sa réussite professionnelle mais celui-ci s'avérait être une mauvaise personne. Notre jeune couturière d'une quarantaine d'année, qui était veuve, avait une fille de 18 ans qui recevait les avances répétées du compagnon de sa mère qui avait si bien réussi sa carrière d'artiste peintre. La pauvre mère ne savait plus comment protéger sa fille de ce monde de réussite qui l'avait tant déçu.
Pour finir, le grossier personnage se fait assassiner par une autre fille qui était aussi une conquête. Mister Keen, en vieil homme sage, explique à la mère et à la fille qu'une personne peut très bien avoir réussi sa carrière mais être une mauvaise personne et l'inverse est d'autant plus vrai. Et la jeune fille de 18 ans en 1937 se retrouve dans la plus grande liberté qu'on ne peut imaginer pour une jeune femme, à une époque où la norme pour le choix de vie d'une jeune femme est en bascule et laisse toute la place au questionnement qui est la plus grande des libertés. Cette jeune femme fera tout simplement ce qu'elle aura choisi de faire sans avoir à subir la dictature inconsciente de la norme.
On vit aujourd'hui une période où on parle beaucoup de l'instauration de nouvelles normes. Le meilleure moyen pour instaurer des nouvelles normes, c'est de tuer le questionnement par la censure et par la diffamation à l'égard de ceux qui ont un discours plus favorable aux anciennes normes ou qui critiquent les nouvelles. Mais la critique et la remise en question sont essentielles parce que la véritable liberté ne peut exister que dans le questionnement.
Vous pouvez retrouver Mister Keen, tracer of lost persons, dans certaines émissions de Pulp Radio.
Alain
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